La pollution acoustique compte parmi les facteurs ayant des effets négatifs sur l’environnement dans lequel vivent les cétacés. On le constate plus particulièrement quand les activités humaines sont à l’origine de bruits d’une très grande intensité : ces derniers peuvent provoquer des dommages directs aux baleines et aux dauphins, par exemple à leur appareil auditif ou aux organes d’écholocalisation. On peut en outre enregistrer l’augmentation du bruit de fond naturellement présent en mer. Celui-ci peut provoquer des interférences avec les capacités normales de communication des cétacés et avoir des conséquences sur leurs habitudes sociales, alimentaires et reproductives.
L’action du projet GIONHA étudie l’interaction entre les sources de perturbation produites par le trafic naval et leurs effets sur la population des cétacés présents dans l’aire du Sanctuaire Pelagos. Elle élabore des hypothèses permettant d’atténuer ce problème. L’examen de la caractéristique acoustique de la zone est réalisé comme suit :
1)    description de la source navale, acquisition et mesure des données relatives aux émissions sonores des navires;
2)    modélisation de la propagation du son dans l’environnement marin ;
3)    simulation de l’aire étudiée, réalisation de la carte et évaluation des effets sur les cétacés.
1re PHASE – Description de la source du bruit
•    Élaboration et analyse des données AIS (année de référence 2009, source : centre NURC de La Spezia) avec des instruments SIG permettant de différencier les volumes de trafic en fonction des paramètres acoustiquement significatifs (typologie des embarcations, vitesse, tonnage).
•    Production d’un ensemble de cartes de densité, différenciées en fonction de la typologie des navires (paquebots, cargos, tankers).
•    Acquisition des caractéristiques des émissions sonores des différentes typologies d’embarcations au moyen de campagnes de mesures (instruments utilisés : navire océanographique + hydrophone numérique).
•    Élaboration des signaux enregistrés : référence au niveau embarcation @ 1 m, mise en œuvre de la base de données des émissions sonores des différentes typologies d’embarcations.
2e PHASE – Modélisation de la propagation des ondes sonores
•    Récupération des informations sur les paramètres d’entrées sensibles sur le plan acoustique : bathymétrie, profils de la vitesse du son et propriétés géo-acoustiques du fond marin (densité, atténuation et vitesse du son).
•    Traitement des données collectées : contrôle de la validité et de la précision des données elles-mêmes, analyses statistiques, opérations de collecte dans des bases de données organisées (profils de la vitesse du son, bathymétrie et fonds).
•    Bases de données des profils de vitesse du son à l’aide d’environ 10 000 profils sonores couvrant l’aire étudiée sur une période de 40 ans (1970-2009). Les données ont été relevées par le World Ocean Data Center System de l’Administration nationale des océans et de l'atmosphère des États-Unis.
•    Évaluation des relations entre les profils et la période de l’année.
•    Mise en place d’un système d’algorithmes pour gérer la phase de modélisation : procédures d’extraction automatisée des informations nécessaires à la simulation à partir de la base de données.
•    Emploi d’un modèle de type « lancer de rayon » (BELLHOP) pour le calcul de l’atténuation des ondes sonores (TL).
3e PHASE – Simulation et évaluation
•    Définition de l’aire de test et de la grille des récepteurs, exécution des simulations 2D entre chaque récepteur et la grille radiale des sources aux différents paramètres étudiés (période de l’année, fréquence).
•    Réalisation de cartes relatives au bruit dans la zone à partir des données connues sur le trafic et les émissions des navires au cours des différentes périodes de l’année.
•    Vérification de la qualité des données simulées au moyen de campagnes spécifiques de mesure.
•    Évaluation de l’état de la pollution acoustique actuelle, analyses de l’importance relative des différentes catégories de navires, points critiques et évaluation de scénarios possibles d’intervention.
•    Croisement des données relatives au bruit avec les informations disponibles sur l’abondance et la répartition des cétacés dans l’aire du Sanctuaire.